Virginie a eu un parcours sinueux. D’une formation initiale scientifique, elle commence sa carrière dans l’industrie pharmaceutique puis reste dans le domaine médical pendant plusieurs années où elle sillonne la France. L’idée de la reconversion lui vient plus tard. Elle se formait à la communication web avec un bachelor et il était difficile d’en parler avec son grand-père pour qui les relations sur les réseaux sociaux étaient difficiles à appréhender. La technologie avait forcément de grands atouts pour recréer du lien avec les seniors, Virginie en était convaincue. Pour les personnes en maison de retraite, l’idée était de permettre un dépaysement, un changement de cadre et des sujets de discussion qui sortent de la routine, souvent occupée par la douleur ou la maladie. Au tout début, c’est avec une caravane dont les fenêtres avaient été remplacées par des écrans que Virginie a testé son concept : « Ça marchait bien ! Comme je n’avais pas la volonté de devenir cheffe d’entreprise, j’ai monté une association pour préfigurer ce que pourrait être une entreprise et surtout pour tester la viabilité économique du projet ».
Je me suis vite rendu compte que j’avais quelques lacunes pour monter un tel projet. Je n’y connaissais rien en comptabilité, ni en financement. On ne sait pas forcément par quel bout prendre le problème et où aller se former. C’est finalement l’Apec qui m’a orientée vers BGE. Je suis arrivée et je leur ai dit : « J’essaie de monter une société mais j’y connais rien, vous pouvez m’aider ? » J’ai vite vu que j’étais au bon endroit ! La personne qui m’a accompagnée a bien ciblé mon besoin et l’a adapté à mon niveau de compétences. On a abordé en formation tous les volets de la gestion d’entreprise. Certains plus en détails que d’autres. Je me souviens que j’étais déprimée par l’idée même d’une formation à la comptabilité, mais finalement, on nous as dit : « Vous n’avez pas besoin de rentrer dans tous les détails, vous aurez un comptable pour ça. Mais vous avez besoin de comprendre la stratégie, les enjeux et les indicateurs à suivre pour piloter votre activité. Comme ça vous serez armés pour prendre les bonnes décisions pour votre entreprise. C’est ça le cœur du métier ». J’en suis ressortie toute reboostée ! Je ne m’attendais pas à trouver aussi passionnante la stratégie financière ! On m’a aussi fourni des outils qui m’ont permis d’appréhender concrètement la gestion d’une TPE-PME. L’accompagnement individuel est hyper pointu, j’y ai appris des choses qui me servent encore aujourd’hui et j’ai compris mon écosystème, ce qui était aussi une brique qui me manquait.
Le déclic, le moment qui a tout fait basculer, et où j’ai su que c’était vraiment ce que je voulais faire, ça s’est produit au tout début, quand nous avions cette caravane. Elle était installée sur le parking d’un Ehpad. Un couple monte pour faire le voyage. La dame était malheureusement sur le déclin, elle ne parlait plus depuis plusieurs mois. Quand ils sont ressortis, elle s’est tournée vers on mari et lui a dit : « C’était trop court! ». Vous auriez vu le sourire du mari. C’était magique ! Par la suite nous sommes passés de la caravane à écrans aux casques de réalité virtuelle et de l’association à l’entreprise. C’était en 2016. Pour qu’elle soit en accord avec mes valeurs, j’ai choisi une forme juridique qui sortait du système hiérarchique traditionnel : une SCOP. A partir de là, j’ai eu un premier accompagnement ESS avec UR Scop et Alterincub. Aujourd’hui, ce qui est le plus facile pour moi c’est d’être l’ambassadrice de FeelU, c’est facile de prendre la parole et d’incarner un projet quand c’est quelque chose qui vous anime.
La crise Covid a été compliquée pour un grand nombre d’entreprises. Dans notre cas, on existait depuis 4 ans et on était en train de structurer notre équipe. Bien sûr, on aurait pu fermer, mais l’activité s’intensifiait. La demande était très forte au niveau des Ehpad, dont les résidents étaient privés de visite. C’était important pour nous de pouvoir être là pour eux au moment où ils en avaient vraiment besoin. Alors, on s’est équipés, on a suivi tous les protocoles de décontamination et on a pu apporter aux résidents comme aux soignants les nombreux bienfaits de la réalité virtuelle :
Ma plus grande fierté aujourd’hui, en plus de tout le positif qu’apporte FeelU au quotidien, c’est d’avoir créé une entreprise qui porte mes valeurs et dans laquelle les salariés se plaisent et proposent régulièrement à leurs amis de venir travailler, dès qu’un recrutement se dessine. »