FIL Consulting

Amoureux de la dentelle

« Je suis tombé dedans par hasard, nous raconte Vincent. Je sortais de BTS avec ma formation de dessin industriel, j’aurais pu faire n’importe quoi d’autre. Mais j’ai commencé à travailler chez Noyon, une des plus grandes références mondiales de la dentelle. J’avais un tempérament curieux et la volonté d’évoluer. J’ai appris toutes les techniques de dessin auprès des anciens. Certains d’entre eux ne voulaient pas transmettre leur savoir, alors que d’autres, bien au contraire, étaient ravis de faire en sorte que les compétences ne disparaissent pas avec eux. Comme j’ai pu nourrir cette envie d’apprendre, je suis finalement tombé amoureux de la dentelle et je suis devenu un spécialiste.

Les fruits de l'expertise

J’ai travaillé dans le domaine de la dentelle de Calais pendant 17 ans, ce qui m’a permis de nouer de nombreuses collaborations avec un grand nombre de personnes de mon industrie. Il faut savoir que c’est une filière qui souffre, comme le reste du secteur du textile, mais nous sommes un certain nombre de passionnés à vouloir la faire vivre. On peut créer des projets innovants : il y a en effet beaucoup à faire en recherche et développement au sujet de la dentelle.

J’ai également travaillé 5 ans pour un dentelier asiatique, ce qui m’a donné un point de vue assez unique sur le marché international de la dentelle. En 2022, je savais que le bureau pour lequel je travaillais allait fermer. Alors, j’ai pris les devants et j’ai contacté mes anciens employeurs et clients. J’avais développé des compétences de valeur aux yeux de mon réseau, alors ça a fait mouche tout de suite.

Se lancer, mais pas n'importe comment

J’ai trouvé des personnes qui me faisaient confiance et qui voulaient externaliser certains services. J’étais prêt à travailler en tant qu’indépendant, mais ce n’est pas évident de se lancer quand on a toujours été salarié. J’en ai parlé a une personne avec qui je fais du sport et qui m’a dit : « Va chez BGE ! »

C’est comme ça que j’ai poussé la porte de BGE Littoral Opale et que j’ai lancé mon activité, FIL Consulting, puisque j’avais mes deux premiers clients. J’ai eu l’opportunité d’être hébergé dans un Incubatest. Cela m’a permis de tester mon activité en toute sécurité. Il faut dire que j’ai préféré être prudent, parce que le conseil dans la dentelle ça n’existe pas et, même si je connaissais bien le marché, ce n’est pas évident de se projeter sur un prévisionnel quand on ne peut pas se comparer à d’autres qui ont la même activité. Je suis sorti de l’Incubatest BGE et j’ai créé une micro-entreprise assez rapidement. Aujourd’hui, j’en suis au stade où mon activité devient trop importante pour mon statut actuel. Je réfléchis donc à en changer.

Inventer le conseil en dentelle

Dans mon activité, je travaille pour le dentellier Darquer Mery ainsi que pour le groupe Etam, je fais le lien entre le monde de la dentelle et celui de la corsetterie. Je travaille pour deux entreprises où les enjeux et clients sont différents : d’un côté les marques de retail comme Etam et Undiz, de l’autre côté le prêt-à-porter de luxe comme Dolce Gabbana, Dior, Gucci, Ralph Lauren…
Pour le groupe Etam, je prends en charge la création et la conception technique des dentelles en collaboration avec l’équipe de style lingerie basée à Clichy. Au sein du Tech center de Lille, nous travaillons sur un projet innovant et unique de création de dentelle, sans utilisation d’eau dans le process de fabrication, intégrant le programme Wecare du groupe Etam.
Nous sommes capables de réaliser toutes les étapes de l’achat du fil pour la dentelle jusqu’à la mise en boutique des modèles de lingerie.

Un patrimoine calaisien

Pour le dentellier Darquer Mery, je travaille sur la mise au point des collections de lingerie et robes, sur l’amélioration du process industriel ainsi que sur la recherche et l’innovation.
Je n’hésite pas à passer du temps dans les archives pour m’inspirer et piocher parmi les pépites des anciens, j’essaye de remettre au goût du jour d’anciennes techniques de dessin pour créer des dentelles afin de conquérir de nouveaux marchés pour la lingerie et la robe. Dans cette partie de mon métier, je fais de mon mieux pour revaloriser la dentelle de Calais-Caudry, mais aussi redynamiser la filière et sauvegarder le patrimoine. C’est important de préserver ces métiers en France, pour qu’on ne se dise pas un jour : la dentelle à Calais, c’est fini. »