Thomas est un passionné de sport, de basket en particulier, depuis qu’il est tout petit. Il a donc assez logiquement fait un master en STAPS*, doublé d’une école de commerce. Pendant ses études, il a travaillé dans l’évènementiel et la restauration. Deux métiers qui lui ont plu pour des raisons différentes. Après la fin de ses études, alors qu’il était entre deux missions, un ami qui avait monté son entreprise dans le référencement web, est venu le voir. Il a vu, sur l’ordinateur de Thomas, un dossier intitulé : « Entrepreneur ». Son ami lui a demandé de quoi il s’agissait, et Thomas a répondu que c’était juste un endroit pour ranger quelques idées qu’il avait eues. « Mais pourquoi tu ne te lances pas ? Il faut en faire quelque chose ! » avait rétorqué son ami. Plus facile à dire qu’à faire !
Entreprendre, ça peut être effrayant ! Ce n’est pas évident d’en parler autour de soi. Si l’idée n’était pas si bonne ? On ne se sent pas forcément légitime… C’est délicat. L’idée sagement rangée est inoffensive. La sortir du dossier, c’est accepter le risque qu’elle chamboule notre vie. Ça demande quand même un petit peu de courage.
Du courage, Thomas n’en manquait pas. Il avait du temps, et l’envie d’entreprendre était là. Il a donc cherché à se renseigner. On lui a conseillé d’aller voir la CCI ou BGE. Comme BGE Hauts de France avait une antenne à Tourcoing, proche de chez lui, il s’y est rendu.
STAPS : sciences et techniques des activités physiques et sportives
« Il s’est passé moins d’un an entre le premier rendez-vous avec BGE en janvier et l’immatriculation de l’entreprise en octobre. » Nous raconte Thomas. « Au début, je n’étais pas convaincu que j’aillais créer mon entreprise. J’y suis vraiment allé dans l’idée de me renseigner et de me faire une opinion. Ce n’est pas évident de s’imaginer en tant que chef d’entreprise ! J’ai été accueilli par Camille Delattre, conseillère-formatrice chez BGE. Elle était là pour répondre à toutes mes questions. Mais aussi pour me poser toutes celles auxquelles je n’avais pas pensé, c’est normal, on ne peut pas penser à tout, surtout quand on n’a jamais entrepris ! On a travaillé le modèle économique de l’entreprise, je voulais proposer une alternative plus équilibrée en restauration rapide que les sempiternels kebabs ou burgers. Quelque chose de sain, à base de bons produits, mais qui reste abordable : Tourcoing est une des villes les plus pauvres de France. Avec le croque-monsieur, on a quelque chose de versatile qui permet de varier les recettes et qui reste pratique à manger sur le pouce. Je propose un repas complet : 2 croques et un accompagnement pour 10€. Avec Camille, on a aussi travaillé le business plan et le prévisionnel, l’outil en ligne de BGE est vraiment très utile ! Grâce à ce travail préparatoire, comme je savais que l’hiver serait la période creuse, j’ai commencé à lancer l’activité en test sur deux plateformes de livraison à domicile. Ça m’a permis de me roder, de vérifier que tout fonctionnait bien, avant d’investir dans un vélo-triporteur et de faire les croques en direct à emporter.
Grâce à la formation dispensée par BGE, j’ai pu calculer mon seuil de rentabilité en nombre de croque-monsieurs vendus. Lors de ma première journée avec mon triporteur, en mars 2023, j’ai vendu le bon nombre de croques en seulement 1h30 ! C’était quand même pas mal de stress, le coup de feu à midi, même si je m’étais bien entrainé avant. Je vise d’être au plus proche des entreprises le midi, (en triporteur on peut même intervenir en intérieur !) en plus des marchés que je fais pour développer ma notoriété. Je vois qu’il y a de l’attrait, on vient me chercher. Rien qu’en mars j’ai reçu cinq e-mails pour me demander d’être présent à différents évènements le week-end. Je pense que ça vient aussi de mes valeurs que l’on retrouve dans mes choix de fournisseurs. Tout est local, sauf les bananes et le chocolat, bien sûr. Mais là aussi, j’ai voulu faire les choix les plus responsables possibles avec des bananes françaises et du chocolat issu commerce équitable. Pareil, pour le pain, ce n’est pas du pain industriel, c’est du pain de mie artisanal acheté en boulangerie. C’est sûr que c’est un petit peu plus cher, mais ça n’a rien à voir en termes de goût et de nutrition. La qualité, c’est très important, et faire vivre les artisans, fermiers et commerçants locaux aussi. Tous mes fournisseurs sont dans un rayon de 20km. J’achète tout mon fromage dans une ferme des alentours, et les légumes dans une coopérative d’agriculteurs. Ils sont de bon conseil pour les produits de saison. Et puis, on découvre des choses aussi, par exemple, je ne savais pas qu’il existait du houmous local avec des pois-chiches cultivés dans le département ! Je les ai mis à l’honneur dans une recette de croque, et eux, de leur côté, parlent de mes croque-monsieurs, tout le monde est gagnant.
Ce qui m’a été le plus utile quand j’ai créé mon entreprise : le recul que m’a apporté l’accompagnement. Je pensais qu’en étant entrepreneur je ne pourrais plus jouer au basket par manque de temps. Mais avec la formation on a travaillé le planning et finalement, non seulement je peux continuer à jouer, mais ça me fait un bien fou : je décompresse et je n’ai pas sacrifié ma passion.
Le plus facile pour moi c’est l’activité en elle-même : faire les croques et discuter avec les gens. Moi qui aime beaucoup le contact, c’est vraiment agréable. Ça me donne le temps de valoriser les choix de mes ingrédients pendant le que le croque cuit. Le plus difficile, et ça m’a surpris, parce que c’est une matière où je me débrouillais bien et que j’appréciais, c’est la comptabilité. Ce n’est vraiment pas simple avec les différents taux de TVA : 5.5% si c’est emporté et mangé plus tard, 10% si c’est sur place, ça peut monter jusqu’à 20% quand on fournit de la vaisselle… C’est vraiment important de s’entourer d’un bon comptable ! D’ailleurs ce n’est pas parce qu’on est accompagné par BGE qu’on ne peut pas être accompagné par d’autres structures également. J’ai été aidé par la mission locale puis par l’Adie et le fonds Initiative pour le financement de mon triporteur.