H3RITAGE3D

Samuel Praizelin

  • Talent 2024
  • High tech
  • Bourgogne - Franche-Comté

Talent BGE 2024 pour la région Bourgogne-Franche-Comté.
Numérise le patrimoine en 3D pour l'archiver, le valoriser, le partager.

Infographiste et technicien informatique

« J’ai toujours été un geek, nous confie Samuel. Je me suis intéressé à l’informatique très tôt et je suis rapidement devenu technicien. J’étais fasciné par les possibilités qu’ouvrent les nouvelles technologies alors, très naturellement, comme je suis aussi aquarelliste, je me suis intéressé à la création graphique. La transmission faisant partie de mes valeurs, je suis devenu formateur dans ces deux domaines pendant 15 ans. C’est assez rare d’avoir des personnes qui ont ce type de double casquette. J’ai proposé au centre de formation dans lequel je travaillais d’ouvrir un Fab Lab*, ce qui m’a donné l’occasion notamment d’expérimenter et de me former à de nouveaux outils : scanner 3D, imprimante 3D, découpe laser…

* Un Fab Lab (contraction de l’anglais fabrication laboratory, « laboratoire de fabrication ») est un lieu ouvert au public. Différents outils y sont mis à sa disposition comme des machines-outils pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d’objets.

Le déclic du patrimoine

Il y a vraiment eu un déclic pour moi lors d’une journée du patrimoine, pendant laquelle un archéologue nous a fait visiter une grotte préhistorique à deux pas de chez moi, alors que je n’avais aucune idée qu’elle existait. Il nous a parlé des études qu’il faisait sur ce site et j’ai été surpris de voir que le travail des archéologues bénéficie si peu des nouvelles technologies : pour préserver et étudier à distance les sites fragiles sur lesquels ils travaillent, ils font toujours des photos et des relevés à la main. Alors qu’en prenant les photos en respectant le bon protocole, on peut les transformer en véritable scan 3D du site archéologique ! On peut étudier, réaliser des facsimilés en 3D, voire faire visiter le site en réalité virtuelle, sans risque de dégradation. Tout ça sans avoir à investir dans quoi que ce soit de coûteux ! C’est comme ça qu’est née l’idée derrière H3RITAGE3D.

Le début d'une nouvelle vie

J’ai commencé à proposer mes services en micro-entreprise, tout en continuant mon métier de formateur. Je faisais ça le soir et le week-end, par passion, pour avoir une vraie preuve de concept. À l’époque, j’étais encore en Seine-et-Marne, ma compagne était établie dans la Nièvre, il était temps pour moi de sauter le pas : d’aller la rejoindre et de quitter le salariat. C’est France Travail (anciennement Pôle Emploi) qui m’a mis en relation avec BGE Nièvre-Yonne. C’est vraiment compliqué de créer une entreprise quand on ne connaît personne. Tout mon réseau était en Seine-et-Marne. Heureusement, j’ai eu beaucoup de soutien de la part de ma conseillère-formatrice. Quand on était au stade de définition de l’offre, on a regardé toutes les compétences que je pouvais mobiliser et on s’est rendu compte que ça partait un peu dans tous les sens et qu’il fallait faire des choix. J’ai fait des sites web pendant des années, j’ai encore quelques contrats de maintenance en cours, mais ce n’est pas ce que je souhaite développer. Même si j’avoue qu’en attendant que l’activité d’H3RITAGE3D décolle complètement, quand j’ai des demandes qui émergent de mon réseau, je les traite avec plaisir. Toute la partie structuration a vraiment été facilitée grâce à BGE, j’ai pu facilement choisir mon statut juridique. La seule chose qui a été compliquée c’est la partie prévisionnel, parce que je n’ai pas de concurrents sur lesquels me baser pour évaluer mes tarifs. Je suis le seul à proposer ce service en indépendant, sinon ce sont de très grosses entreprises qui ne numérisent que de très gros sites renommés. J’ai suivi deux formations pendant mon cursus d’accompagnement. Celle que je retiens le plus s’intitulait « 10 heures pour booster votre chiffre d’affaires » et elle m’a vraiment permis de voir les leviers à activer pour faire prospérer mon entreprise.

Beaucoup de richesses à préserver

Aujourd’hui, je travaille avec des musées, notamment celui de Nemours, et des archéologues. J’ai collaboré à plusieurs reprises avec un professeur d’archéologie de La Sorbonne ainsi qu’avec l’association GERSAR (Groupement d’Étude, de Recherche et de Sauvegarde de l’Art Rupestre), pour qui j’ai numérisé des grottes particulièrement fragiles. La région regorge de sites gallo-romains que j’aimerais valoriser grâce à la 3D. Ça me semble fou, parce que je me découvre passionné d’histoire, alors que je n’ai jamais accroché au sujet à l’école, mais quand j’écoute ces passionnés partager leur expertise, c’est juste captivant.

Un autre point sur lequel l’apport de BGE a été crucial a été la mise en relation avec d’autres entrepreneur·e·s au BGE Club. Grâce à eux, j’ai pu nouer un partenariat avec un autre entrepreneur accompagné par BGE, un pilote de drone. Grâce à lui, je peux obtenir des prises de vue aériennes afin de numériser des édifices ou des sites complets. Ça me simplifie le travail et lui, ça lui ajoute une corde à son arc puisque je l’ai formé à la captation d’images spécifiques pour le calcul 3D. En fait, c’est à la portée de tous de prendre des photos qui puissent servir de base à un scan 3D. J’ai pour projet de proposer au grand public d’apprendre ces techniques. Plutôt que d’avoir des centaines de photos qui dorment sur un disque dur, qu’elles puissent être exploitables pour la sauvegarde du patrimoine ! »

H3RITAGE3D