Talent BGE 2024 pour la région Occitanie
Atelier artisanal de coutellerie.
Laurent nous raconte : « J’ai une longue expérience de 30 ans de chargé d’affaires dans le bâtiment, je couvrais un quart sud-ouest de la France entre Arcachon et Montpellier. J’ai même créé une agence technique, qui existe encore aujourd’hui. Tout a changé en 2016 quand j’ai eu des problèmes de santé. C’était la première fois que j’étais arrêté aussi longtemps. Quand j’ai repris, j’ai eu beau essayer de lever le pied, mes symptômes sont revenus et mon médecin m’a interdit de continuer. Il a fallu que je me reconvertisse. Ça n’a pas été facile au début, parce que j’étais vraiment passionné par mon travail. J’avais commencé à réfléchir à ce que j’aurais pu faire d’autre lors de mon premier arrêt et une idée avait germé. J’avais envie d’un métier artisanal, de faire quelque chose de mes mains et de ne plus passer autant de temps sur les routes. J’ai choisi de devenir coutelier.
Je suis né et j’ai grandi dans un petit village du Cantal. Dès mon plus jeune âge j’ai vu mon père, artisan, travailler le métal. C’est dans ce village que j’ai fait connaissance de ma future épouse, tarnaise d’origine. Nous nous sommes installés à Castres en 1990, puis à Saint Gauzens, entre Graulhet et Lavaur. J’ai dessiné le couteau Le Tarn® en m’inspirant des couteaux historiques de la région souvent utilisés par nos anciens pour manger et pour travailler. La forme de la lame est celle de la feuille de sauge, asymétrique. J’ai pensé à mes grands-pères paysans. Ils auraient apprécié sa prise en main et son côté utilitaire. J’ai souhaité aussi rendre hommage aux paysans d’aujourd’hui qui façonnent nos magnifiques paysages. À ceux qui produisent les merveilleux produits de nos terroirs, ceux qui les transforment.
La première chose que j’ai faite c’est d’aller au CFA à Thiers pour faire une semaine d’initiation à la coutellerie ayant pour thème « affûtage et réparation », car je voulais m’assurer que ça me plairait. De ce côté-là, je n’ai pas été déçu ! J’y suis retourné pour plusieurs semaines de formation. Il faut 2 ans à un apprenti pour apprendre à monter un couteau correctement. Il y a encore aujourd’hui, à Thiers, 3 000 emplois dans la coutellerie. C’est le plus grand bassin d’emploi spécialisé dans ce domaine en Europe avec plus de 700 ans d’histoire coutelière. J’y ai rencontré de véritables passionnés. Des gens qui ont envie de transmettre. C’est un domaine qui laisse une grande place à la créativité et à l’imagination. Les possibilités d’apprendre sont infinies.
J’avais une confiance en moi en berne, j’étais désemparé face aux difficultés. J’avais envie de devenir coutelier, mais c’était prendre un risque de me lancer dans une activité artisanale. J’avais aussi en parallèle un projet de réaménagement de salles de bain pour les personnes âgées. J’ai été orienté vers BGE Sud-Ouest et la personne qui a finalement pris en charge mon dossier m’a vraiment aidé à y voir plus clair. Il m’a convaincu de ne choisir qu’un seul projet pour m’y consacrer à fond. Mais surtout il m’a proposé le portage salarial via Incubatest, pour tester mon activité sans risque. Le fait de pouvoir travailler pendant un an et demi avant de m’immatriculer et de sauter dans le grand bain m’a permis de valider que mon activité était viable. J’ai donc créé une entreprise individuelle à 56 ans : l’Atelier Vianel, du nom de mes 3 enfants, Vincent, Elisa et Antoine, tout en continuant l’accompagnement avec BGE.
Le métier d’artisan me convient bien. J’avais besoin de créer des choses utiles, qui ont du sens. J’ai mon atelier à la maison, moi qui faisais 100 000 km par an, je ne bouge plus de chez moi ! Je suis presque à l’objectif que je me suis fixé. Je me rémunère peu mais j’investis beaucoup. Il faut de l’outillage, un atelier isolé, chauffé, tout ça… Comme beaucoup de gens viennent directement à l’atelier, mon prochain investissement sera probablement un showroom digne de ce nom !
J’ai eu la chance de faire de très belles rencontres, notamment avec Casimir Ferrer, un artiste Tarnais de renommée internationale. On s’est vus pour la première fois aux journées des métiers d’art, il a aimé mon travail, on a discuté. Il est devenu par la suite un très bon client, on s’est fréquentés. C’est un spécialiste de la peinture en mouvement. Un jour, j’ai trouvé un matériau qui m’a fait penser à son travail : une base de bouteille plastique recyclée, amalgamée à chaud, intégrée à de la résine. Je lui ai montré et ça lui a plu. Il m’a proposé une collaboration. Il a personnalisé les boites. Nous avons fait une série limité numéroté et signé « Casimir Ferrer « . Les bénéfices sont reversés à « Mille Étoiles pour l’Enfance », une association pour les enfants à l’hôpital. Toutes les pièces sont parties en très peu de temps. D’autres projets sont en cours toujours au bénéfice de l’association.
Un autre couteau est né d’un partenariat, cette fois-ci avec un bijoutier de ma commune, Sébastien Assié, lui aussi accompagné par BGE. C’est un créateur de bijoux en titane. Pour ce couteau, il a fabriqué un écrin, avec une agate du Tarn taillée par Jean Philippe, une collaboration à trois artisans pour concevoir un couteau 300% Tarnais !
J’ai finalement choisi de développer mon réseau de distribution. Ce n’était pas ce que j’avais prévu au départ, mais la stratégie s’avère payante. Aujourd’hui, ces boutiques représentent 30% de mes ventes. Ces points de distribution sont de véritables partenaires dans la mesure où chacun doit jouer le jeu. Le marchand accepte de gagner un peu moins d’argent en vendant un couteau artisanal qu’un couteau industriel, et de mon côté je baisse suffisamment ma marge pour que le couteau soit au même prix, qu’on l’achète en boutique ou en direct sur mon site. Ça sécurise des volumes et ça créé de la notoriété. Je remercie tout particulièrement Christelle de La Coutellerie à Castres pour son engagement et sa passion pour notre métier.
Je n’étais pas du tout sur les réseaux sociaux, mais j’ai fini par écouter les conseils de ma fille, Elisa, pour commencer à me faire connaître. Je dois avouer qu’elle avait raison puisque je viens de passer la barre des mille followers sur Instagram. Ça me permet de partager mes créations et mon actualité : je participe à beaucoup de salons spécialisés. J’ai reçu le label « Fabriqué en Occitanie » grâce à la région et la Chambre des métiers. J’expose également lors des journées européennes ou lors d’évènements organisés par la région.
Je commence à faire du sponsoring, j’offre des trophées quand il s’agit d’un évènement organisé au bénéfice d’une association. Ça me permet d’apparaître sur l’affiche, et d’être présent lors de la remise des prix.
J’ai aussi de belles parutions dans des journaux spécialisés comme La Passion des couteaux et un reportage sur France 3. »