Céline a 44 ans. Elle est mariée depuis 26 ans, et comme souvent, c’est la carrière de son mari qui a été privilégiée. Avec la contrainte de nombreux déménagements, difficile de se construire une carrière en parallèle. Céline est devenue nounou et s’est aussi occupée d’élever leurs enfants.
Mais la grande passion de Céline, c’est la moto. Une fois les enfants suffisamment grands, elle a senti le besoin de changer de vie. Elle, qui avait fait passer les besoins de sa famille en premier pendant toutes ces années, a enfin pu se consacrer à quelque chose qui la faisait vraiment vibrer. Céline a toujours aimé le travail manuel, et, quand elle a commencé à se renseigner sur la sellerie de moto, ça a été le déclic.
« J’ai tout lancé en 3 mois. » Nous raconte-t-elle. « J’ai commencé à chercher des formations pour apprendre le travail du cuir, mais il fallait partir 9 mois à 200km de ma famille. J’ai proposé de tester le métier sur deux semaines et le formateur sellier qui m’a accueillie a été très impressionné. Il m’a dit qu’à la vitesse où j’apprenais, j’aurais les bases nécessaires pour me lancer au terme de ces 15 jours.
Au début, je me suis dit que je n’avais pas besoin d’aide. Dans ma tête tout était clair, je savais où j’allais. Je pensais que j’avais juste besoin de me renseigner pour comprendre les démarches administratives de création d’entreprise. Mais ce n’est pas si évident que ça ! On m’a conseillé d’aller chez BGE Alsace Lorraine pour travailler le montage du projet. Une fois sur place, j’avais au moins une quarantaine de questions à poser à ma conseillère-formatrice ! Elle a vraiment su me guider pour faire les bons choix.
Ce n’était pas facile de faire une étude de marché, car il n’y avait que deux entreprises dans la région, qui proposaient des selles de moto : un artisan et une entreprise avec plus d’une dizaine d’employés. Comme ils n’ont pas répondu à mes questions, j’ai dû me contenter des informations disponibles sur internet pour déduire le nombre de selles qu’ils devaient réaliser par an.
Les chiffres, je n’ai jamais aimé ça, et quand on veut monter une entreprise, c’est primordial d’être capable de tarifer correctement son travail, entre le temps passé à la réalisation, le coût des matières premières et toutes les choses auxquelles on ne pense pas forcément, comme le prix du local et l’amortissement des investissements… À ce sujet, la machine à coudre industrielle était vraiment le plus gros investissement à faire, je l’ai achetée sans financement, avec mes économies.
Quand je me suis lancée je n’avais aucune connaissance en termes de création d’entreprise, je ne savais pas quel statut juridique choisir, ni quelles pouvaient être mes obligations légales en tant qu’entrepreneur. L’aide apportée par BGE dans tous ces domaines a vraiment été déterminante.
Le plus facile, ça a été l’immatriculation, tout est fait pour que ce soit simple et rapide. Le plus difficile, pour moi, ça a été la gestion du stress. Je n’étais pas sûre de moi et j’avais toujours des doutes : Est-ce que j’ai bien fait de me lancer ? C’est quand même beaucoup de travail, des économies investies et de grosses responsabilités… On a toujours peur de se planter. Mais le fait d’être accompagnée fait toute la différence. Ma conseillère-formatrice m’a beaucoup rassurée et quand j’ai ouvert ma boutique à Augny, ça a tout de suite décollé. C’était important pour moi d’avoir un atelier avec pignon sur rue, que les gens puissent me voir travailler, et d’avoir un endroit pour recevoir mes clients et leur offrir un café. Je m’occupe de tout, de la conception à la réalisation. C’est important de prendre le temps, j’accorde une très grande place au relationnel. Je travaille pour les autres comme je travaillerais pour moi. Je pense que c’est une des clés de mon succès. En tant que motarde, je fais partie d’un cercle à Metz qui propose des sorties le week-end. Je savais que la demande était forte pour des selles customisées dans ma communauté de motards. Je voyais beaucoup de belles motos, bien entretenues, mais avec des selles tristounettes ou vieillissantes. Je les voyais parfois un peu comme des vieux meubles qu’on a envie de relooker. La selle, c’est un accessoire pas trop onéreux à changer et qui a un gros impact sur le look d’une moto. Quand on ne connait pas, on ne se rend pas compte du nombre de variations qu’il est possible de faire avec la forme des mousses, les surpiqûres, les broderies, les choix de couleur…
C’était important pour moi d’avoir enfin un métier qui me passionne et dans lequel je puisse m’épanouir. Grâce au soutien de ma communauté, j’ai commencé à travailler très vite. J’ai pu me payer dès le lancement et mon carnet de commandes est plein sur plusieurs mois. C’est vraiment très agréable d’avoir des retours clients élogieux, de savoir que le motard qui est fier de sa nouvelle selle, revient vous la montrer, et qu’il va en parler autour de lui. Côté stratégie commerciale et développement, j’ai fait un partenariat avec une concession Harley Indian et j’étais présente à un salon de la moto dans le Grand Est. Je n’ai pas l’ambition d’embaucher ou de prendre un apprenti pour l’instant mais il y a de fortes chances que je ne reste pas dans mon statut de micro-entreprise très longtemps si mon chiffre d’affaires continue de progresser !