Talent BGE 2024 pour la région Hauts-de-France
Juin fait le lin souhaite tricoter du li(e)n en créant des vêtements à base de lin pour réconcilier l’humain, le travail de la matière et la nature.
Augustin a commencé ses études en classe préparatoire scientifique, ce qui lui a ouvert les portes de l’ENSAIT où il a suivi un cursus d’ingénieur textile. Il a choisi une spécialisation « entrepreneuriat » en partenariat avec l’École Centrale de Lille. Il avait envie de travailler avec des matières nobles et naturelles et de répondre aux enjeux environnementaux de la création textile.
Avec sa pratique du sport, il a constaté que la plupart des vêtements techniques sont synthétiques et que les propriétés naturelles d’une fibre telle que le lin n’était pas exploitées. Pourtant, le lin évacue rapidement l’humidité vers l’extérieur. Il a aussi des vertus thermorégulatrices et antibactériennes. Des atouts de choix pour le transformer en vêtement adapté au sport. C’est comme ça qu’Augustin a commencé à imaginer Juin fait le lin.
Un véritable défi technique dont le volet recherche et développement a occupé une grande partie de sa dernière année d’études. Comment rendre le lin extensible ? Le tricoter plutôt que le tisser a été une étape décisive. Mais quel pourcentage d’élasthanne pour avoir une étoffe suffisamment souple et opaque, tout en laissant la plus grande part de lin possible ? Après de très nombreux tests, la réponse est : seulement 3% pour 97% de lin !
« J’avais trouvé la bonne formule pour le tricot, nous raconte Augustin. J’ai été sélectionné pour être incubé dans le pôle de compétitivité Euramaterials, et c’est en discutant avec les autres entrepreneur·e·s que j’ai entendu parler de BGE Hauts-de-France pour la première fois. J’ai suivi une formation certifiante supplémentaire à mon cursus : Construire et conduire un projet entrepreneurial pérenne. C’était en 2020, donc j’ai dû la faire à distance, en visio, pour respecter les mesures sanitaires, mais ça a vraiment été un plus de pouvoir me poser avec un interlocuteur, de faire un état des lieux de l’avancement du projet, de mettre tout à plat pour préparer un plan d’action concret. On m’a mis à disposition des outils précieux pour travailler ma trésorerie, mon prévisionnel. Ça a vraiment été une grande aide au pilotage et ça m’a permis d’accéder aux bons financements.
La France produit entre 70% et 80% de la production mondiale de lin. 80% de ce qui est produit est envoyé en Asie où il est filé, tissé, transformé en vêtement, puis il retourne en grande partie vers l’Europe. Un non-sens écologique. Juin fait le lin se veut un laboratoire ouvert de la maille naturelle et locale, militant pour un monde vivant. L’objectif est de créer un cercle vertueux qui valorise la production locale en créant des emplois. Le lin est une matière zéro déchet. Les graines et les fibres sont récoltées et ce qui n’est pas transformé en tissu ou en étoffe va servir de fourrage pour les élevages ou de combustible pour le chauffage. Le chanvre est aussi une matière très intéressante à travailler que je compte également développer. »
Crédit photo : Ginine-Line Darcq