Quartiers, une histoire de l’entrepreneuriat

Publiée le 11/09/2024

BGE est un acteur majeur de l’entrepreneuriat dans les quartiers depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui, le réseau continue de s’engager dans le cadre du programme « Entrepreneuriat Quartiers 2030 », opéré par Bpifrance, en pilotant plusieurs programmes d’accompagnement dédiés aux QPV. Nous vous proposons à cette occasion de découvrir "Quartiers : destination entrepreneuriat", une série d’articles qui s’intéressent à l’entrepreneuriat dans les quartiers, à son histoire et aux dispositifs qui y sont déployés.

Créés en 2014 dans le cadre de la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine, les Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sont des territoires avec des spécificités dont il faut tenir compte pour accompagner au mieux les entrepreneur·e·s. Dans ce premier article, nous revenons sur leur histoire et sur les constats qui y sont faits face à l’accès à l’emploi et à la création d’entreprise.

Quelle définition pour les QPV ?

 Un QPV (que l’on peut aussi croiser sous le sigle QPPV) est un quartier prioritaire de la politique de la ville. Ce sont des territoires qui ont été définis comme prioritaires dans le cadre de « la politique de la ville » selon un critère unique : le revenu.

La politique de la ville est conçue et mise en œuvre par l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT), qui est rattachée au ministère de la Ville. Elle a pour objectifs de réduire les inégalités entre les dits-quartiers et les territoires au sein desquels ils sont implantés et d’améliorer les conditions de vie dans ceux d’entre eux qui sont les plus défavorisés. Elle a cinq domaines d’action :

  • L’éducation et la petite enfance
  • Le logement et le cadre de vie
  • L’emploi et l’insertion professionnelle
  • Le renforcement du lien social
  • La sécurité et la prévention de la délinquance

Des ZUS aux QPV

Les QPV ont été créés par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine, promulguée le 21 février 2014. Celle-ci avait alors réformé la géographie prioritaire de la politique de la ville en se basant sur un critère unique, celui du revenu, selon deux références : « le décrochage, d’une part, par rapport aux revenus de l’agglomération dans laquelle se situe le quartier et, d’autre part, par rapport aux revenus de la France métropolitaine ».

La loi de 2014 avait abouti au repérage de 1296 quartiers de plus de 1 000 habitants situés dans les agglomérations métropolitaines de plus de 10 000 habitants et de 218 quartiers dans les Départements d’outre-mer, à Saint-Martin et en Polynésie française. C’est ainsi que les QPV ont remplacé les Zones urbaines sensibles (ZUS) et les quartiers en contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) à partir du 1er janvier 2015.

Le 29 décembre 2023, une nouvelle cartographie des quartiers prioritaires a été établie pour l’Hexagone, faisant entrer 111 nouveaux quartiers et en faisant sortir 40 et faisant évoluer le périmètre de 960 quartiers existants. Objectif ? Mieux prendre en compte l’évolution des réalités socio-économiques des territoires.

Aujourd’hui, 5,5 millions de personnes vivent au sein des 1514 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) situés dans l’Hexagone et l’outre-mer.

Quartiers et emploi, quelles réalités ?

En 2022, la Cour des comptes indiquait que le chômage dans les QPV était « toujours 2,7 fois supérieur à celui des autres quartiers des unités urbaines » : 16,5 % pour les femmes (contre 7,1 % de la population générale des Françaises) et 19,6 % pour les hommes (contre 7,5 % de la population générale des Français).

Cet écart s’explique notamment par le fait qu’il y réside des catégories d’actifs particulièrement exposées au risque du chômage : les ouvriers et les employés, les personnes de faibles niveaux de formation, les jeunes – dont une partie est sortie précocement du système éducatif – et les personnes étrangères ou d’origine immigrée.

Dans les QPV, 40 % des habitants ont moins de 25 ans. Parmi eux, un jeune sur trois détient un niveau de formation inférieur au BEP ou CAP et près d’un tiers des 15-29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation.

Face à ce constat, l’expérimentation des emplois francs entrait en vigueur au 1er avril 2018 : une aide financière versée à tout employeur privé qui recrute un demandeur d’emploi résidant dans l’un des quartiers prioritaires de la politique de la ville pour un CDI ou un CDD d’au moins six mois.

Chaque année, le réseau BGE conseille et forme environ 6 500 porteur·euse·s de projet issus des QPV et accompagne la création de 1 500 entreprises créées par des habitants des quartiers.

Quartiers et entrepreneuriat, quels constats ?

D’autres préfèrent la voie de l’entrepreneuriat à celle du salariat. Ici encore, la réalité n’est pas la même que pour le reste de la population française. Sans enfermer les entrepreneur·e·s des QPV dans une case « quartier », il faut pour autant tenir compte des freins spécifiques et comprendre comment ceux-ci peuvent influencer leur parcours entrepreneurial :

  • Le niveau de précarité est plus important dans les quartiers, ce qui peut rendre une implication dans le temps plus difficile ;
  • L’ancrage dans le quartier est souvent très fort, ce qui rend plus difficile la capacité à trouver des clients en dehors de la zone ;
  • L’accès aux réseaux professionnels est plus faible que dans la moyenne de la population ;
  • L’accès au financement est plus compliqué ;
  • L’accès aux dispositifs d’aide et d’accompagnement est plus limité en raison d’un manque d’informations.

De cela, il résulte un niveau d’immatriculation plus faible que dans les autres territoires (cinq fois moins de chef·fe·s d’entreprise qu’au niveau national) et un développement et une pérennité moindres (près de la moitié des cessations et cessions d’activité dans les QPV sont motivées par des difficultés économiques, contre 1/5 au niveau national).

Malgré ces difficultés, l’entrepreneuriat a les faveurs des quartiers. Un habitant des QPV sur quatre est ainsi présent dans la chaîne entrepreneuriale en 2023 (contre 30 % de la moyenne des Français), une proportion qui a quasiment doublé en quatre ans. Les femmes et les 30 ans et plus sont au cœur de cette progression.

Le niveau de formation, l’environnement social, l’âge et l’origine démographique ne sont pas des données neutres, mais elles ne sont pas rédhibitoires pour qui veut devenir entrepreneur·e. Au-delà de ces caractéristiques et surtout des idées reçues, c’est avant tout l’individu et son potentiel entrepreneurial qu’il faut regarder.

L’entrepreneuriat informel

Pour lancer leur activité, un certain nombre d’entrepreneur·e·s passent par l’entrepreneuriat dit « informel », qui caractérise l’exercice d’une activité économique, ou l’accomplissement d’actes de commerce ou de prestations de service, sans que celui-ci ait été déclaré auprès de l’administration fiscale.

Beaucoup développé dans les milieux populaires comme moyen de créer son propre travail face à des difficultés à trouver un emploi, mais aussi comme aspiration à exercer ses talents pour mieux gagner sa vie, l’entrepreneuriat informel se pratique surtout chez des catégories de publics dites “vulnérables” face à l’emploi, particulièrement présentes dans les QPV : les jeunes, les femmes et les personnes avec un faible niveau de diplômes.

L’entrepreneuriat informel est principalement représenté dans les secteurs du commerce, de la beauté-bien-être, de la restauration, de l’artisanat, de la réparation, de l’économie circulaire et des activités culturelles et créatives.

Ces pratiques entrepreneuriales informelles sont souvent liées à une méconnaissance administrative, à une fragilité du modèle économique, à un manque de moyens financiers ou encore à une difficulté à s’assumer réellement comme entrepreneur·e. C’est pourquoi les démarches d’accompagnement à la formalisation s’avèrent particulièrement utiles pour les entrepreneur·e·s informels.

Entrepreneuriat Quartiers 2030, au cœur des QPV

Pour soutenir l’entrepreneuriat dans les QPV, le programme « Entrepreneuriat Quartiers 2030 » est déployé dans le cadre du plan Quartiers 2030, lancé à l’initiative du gouvernement. Il est opéré par Bpifrance et financé par l’Etat et la Caisse des Dépôts via la Banque des Territoires. Son programme s’articule autour de trois axes :

  • Détecter, informer et orienter : pour améliorer la connaissance des dispositifs d’aide à l’entrepreneuriat et faciliter l’accès à l’information pour les habitants des QPV ;
  • Accompagner et financer : proposer des solutions de financement et d’accompagnement adaptées aux besoins spécifiques des quartiers ;
  • Accélérer, développer, conquérir : favoriser la croissance et le développement des entreprises créées dans les QPV, notamment en les aidant à accéder aux marchés publics et privés.

Être présents dans les quartiers, c’est vraiment le leitmotiv. Il faut être dans les quartiers, il faut connaître les gens, connaître les écosystèmes, connaître les acteurs et travailler avec.

 

BGE et les QPV, une longue histoire

BGE est impliqué dans les quartiers depuis plus de vingt ans, notamment en étant opérateur du concours Talents des Cités depuis sa création, aux côtés de Bpifrance, du Secrétariat d’Etat chargé de la Ville et de la Citoyenneté et de l’ANCT. Mesure phare du Plan Quartiers 2030, ce programme, financé par l’Etat et la Caisse des Dépôts, via la Banque des Territoires, centre son action sur l’inclusion économique et sociale au sein des QPV.

Découvrez l’ensemble des dispositifs mis en place pour favoriser l’entrepreneuriat dans les quartiers prioritaires dans notre prochain article, disponible dès le 18 septembre.