Quartiers, une histoire de l’entrepreneuriat

Publiée le 31/10/2024

BGE est un acteur majeur de l’entrepreneuriat dans les quartiers depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui, le réseau continue de s’engager dans le cadre du programme Entrepreneuriat Quartiers 2030 - piloté par Bpifrance avec le soutien de l’Etat et de la Banque des Territoires - en déployant plusieurs programmes d’accompagnement dédiés aux QPV. Nous vous proposons à cette occasion de découvrir "Quartiers : destination entrepreneuriat", une série d’articles qui s’intéressent à l’entrepreneuriat dans les quartiers, à son histoire et aux dispositifs qui y sont déployés.

Créés en 2014 pour se substituer aux zones urbaines sensibles (ZUS) et aux quartiers en contrat urbain de cohésion sociale (CUCS), les Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sont des territoires avec des spécificités dont il faut tenir compte pour accompagner au mieux les entrepreneur·e·s. Dans ce premier article, nous revenons sur leur histoire et sur les constats qui y sont faits en termes d’accès à l’emploi et à la création d’entreprise.

Quelle définition pour les QPV ?

Un QPV (que l’on peut aussi croiser sous le sigle QPPV) est un quartier prioritaire de la politique de la ville. Ce sont des territoires qui ont été définis comme prioritaires dans le cadre de « la politique de la ville » selon un critère unique : le revenu.

La politique de la ville est conçue et mise en œuvre par l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT), qui est rattachée au ministère de la Ville. Elle a pour objectifs de réduire les inégalités entre les dits-quartiers et les territoires au sein desquels ils sont implantés et d’améliorer les conditions de vie dans ceux d’entre eux qui sont les plus défavorisés. Elle a cinq domaines d’action :

  • L’éducation et la petite enfance
  • Le logement et le cadre de vie
  • L’emploi et l’insertion professionnelle
  • Le renforcement du lien social
  • La sécurité et la prévention de la délinquance

Des ZUS aux QPV

Les QPV ont été créés par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine, promulguée le 21 février 2014. Celle-ci avait alors réformé la géographie prioritaire de la politique de la ville en se basant sur un critère unique, celui du revenu, selon deux références : « le décrochage, d’une part, par rapport aux revenus de l’agglomération dans laquelle se situe le quartier et, d’autre part, par rapport aux revenus de la France métropolitaine ».

La loi de 2014 avait abouti au repérage de 1296 quartiers de plus de 1 000 habitants situés dans les agglomérations métropolitaines de plus de 10 000 habitants et de 218 quartiers dans les Départements d’outre-mer, à Saint-Martin et en Polynésie française. C’est ainsi que les QPV ont remplacé les Zones urbaines sensibles (ZUS) et les quartiers en contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) à partir du 1er janvier 2015.

Le 29 décembre 2023, une nouvelle cartographie des quartiers prioritaires a été établie pour l’Hexagone, faisant entrer 111 nouveaux quartiers et en faisant sortir 40 et faisant évoluer le périmètre de 960 quartiers existants. Objectif ? Mieux prendre en compte l’évolution des réalités socio-économiques des territoires.

Aujourd’hui, 5,5 millions de personnes vivent au sein des 1514 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) situés dans l’Hexagone et l’outre-mer.

Quartiers et emploi, quelles réalités ?

En 2022, la Cour des comptes indiquait que le chômage dans les QPV était « toujours 2,7 fois supérieur à celui des autres quartiers des unités urbaines » : 16,5 % pour les femmes (contre 7,1 % de la population générale des Françaises) et 19,6 % pour les hommes (contre 7,5 % de la population générale des Français).

Cet écart s’explique notamment par le fait qu’il y réside des catégories d’actifs particulièrement exposées au risque du chômage : les ouvriers et les employés, les personnes de faibles niveaux de formation, les jeunes – dont une partie est sortie précocement du système éducatif – et les personnes étrangères ou d’origine immigrée.

Dans les QPV, 40 % des habitants ont moins de 25 ans. Parmi eux, un jeune sur trois détient un niveau de formation inférieur au BEP ou CAP et près d’un tiers des 15-29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (contre 12,8 % de la même tranche d’âge à l’échelle de la France).

Face à ce constat, l’expérimentation des emplois francs entrait en vigueur au 1er avril 2018 : une aide financière versée à tout employeur privé qui recrute un demandeur d’emploi résidant dans l’un des quartiers prioritaires de la politique de la ville pour un CDI ou un CDD d’au moins six mois.

Chaque année, le réseau BGE conseille et forme environ 6 500 porteur·euse·s de projet issus des QPV et accompagne la création de 1 500 entreprises créées par des habitants des quartiers.

Quartiers et entrepreneuriat, quels constats ?

D’autres préfèrent la voie de l’entrepreneuriat à celle du salariat. Ici encore, la réalité n’est pas la même que pour le reste de la population française. Sans enfermer les entrepreneur·e·s des QPV dans une case « quartier », il faut pour autant tenir compte des freins spécifiques et comprendre comment ceux-ci peuvent influencer leur parcours entrepreneurial :

  • Le niveau de précarité est plus important dans les quartiers, ce qui peut rendre une implication dans le temps plus difficile ;
  • L’ancrage dans le quartier est souvent très fort, ce qui rend plus difficile la capacité à trouver des clients en dehors de la zone ;
  • L’accès aux réseaux professionnels est plus faible que dans la moyenne de la population ;
  • L’accès au financement est plus compliqué ;
  • L’accès aux dispositifs d’aide et d’accompagnement est plus limité en raison d’un manque d’informations.

De cela, il résulte un niveau d’immatriculation plus faible que dans les autres territoires (cinq fois moins de chef·fe·s d’entreprise qu’au niveau national) et un développement et une pérennité moindres (près de la moitié des cessations et cessions d’activité dans les QPV sont motivées par des difficultés économiques, contre 1/5 au niveau national).

Malgré ces difficultés, l’entrepreneuriat a les faveurs des quartiers. Un habitant des QPV sur quatre est ainsi présent dans la chaîne entrepreneuriale en 2023 (contre 30 % de la moyenne des Français), une proportion qui a quasiment doublé en quatre ans. Les femmes et les 30 ans et plus sont au cœur de cette progression.

Le niveau de formation, l’environnement social, l’âge et l’origine démographique ne sont pas des données neutres, mais elles ne sont pas rédhibitoires pour qui veut devenir entrepreneur·e. Au-delà de ces caractéristiques et surtout des idées reçues, c’est avant tout l’individu et son potentiel entrepreneurial qu’il faut regarder.

Vous habitez dans un quartier prioritaire ou vous souhaitez y implanter/développer une entreprise ? Bénéficiez des dispositifs d’aide à la création et au développement, déployés massivement dans le cadre du programme « Entrepreneuriat Quartiers 2030 », pour sécuriser et lancer votre projet ou booster le développement de votre entreprise.

Entreprendre en quartier prioritaire

Entrepreneuriat Quartiers 2030, au cœur des QPV

Le programme « Entrepreneuriat Quartiers 2030 » est une initiative gouvernementale visant à soutenir l’entrepreneuriat dans les QPV (Quartiers prioritaires de la politique de la ville).

Ce programme constitue une boîte à outils opérationnelle complète pour assurer le développement de l’activité économique et les réussites entrepreneuriales dans les QPV. Il s’articule autour de trois axes : détecter, informer et orienter (500 000 personnes d’ici quatre ans) ; accompagner et financer (près de 600 millions d’euros en subventions, prêts et fonds propres) ; déployer une offre d’accompagnement d’excellence pour les entrepreneur·e·s à potentiel.

Avec le soutien de l’Etat et de la Banque des Territoires, ce programme mobilisera 456 millions d’euros sur quatre ans.

Être présents dans les quartiers, c’est vraiment le leitmotiv. Il faut être dans les quartiers, il faut connaître les gens, connaître les écosystèmes, connaître les acteurs et travailler avec.

 

BGE et les QPV, une longue histoire

BGE est impliqué dans les quartiers depuis plus de vingt ans, notamment en étant opérateur du concours Talents des Cités depuis sa création, aux côtés de Bpifrance, du Secrétariat d’Etat chargé de la Ville et de la Citoyenneté et de l’ANCT. Mesure phare du Plan Quartiers 2030, ce programme, financé par l’Etat et la Caisse des Dépôts, via la Banque des Territoires, centre son action sur l’inclusion économique et sociale au sein des QPV.

Découvrez l’ensemble des dispositifs mis en place pour favoriser l’entrepreneuriat dans notre article Quartiers, quels dispositifs pour les entrepreneur·e·s ?

Découvrez également l’interview de Sophie Jalabert, déléguée générale de BGE Réseau, qui revient sur l’histoire de BGE dans les quartiers prioritaires et sur les enjeux de l’accompagnement dans ces territoires.