Frédérique Sinturel : J’utilisais déjà le vélo avant d’être chef d’entreprise pour une multitude de raisons. Mon activité au niveau de la clientèle se situe surtout en zone urbaine et c’est le moyen de transport le plus rapide et dénué de tout stress. Dans mon activité de photographe j’utilise aussi parfois des remorques de différents types lorsqu’il s’agit de photo « lourdes » et où nous devons déplacer un petit studio. Bien sûr, il y a des exceptions, pour des raisons d’encombrement, il m’arrive d’avoir besoin d’un véhicule utilitaire. Dans ces cas-là je loue à la journée en fonction du kilométrage. Idem pour des commandes éloignées.
Mathieu Goudet : Des raisons écologiques, oui ! Mais aussi l’aspect pratique : la simplicité du vélo couplé à la rapidité d’intervention sont deux autres facettes importantes. Le centre-ville piétonnier est déjà difficile d’accès pour les véhicules thermiques et la mise en place des ZFE (Zones à Faibles Émissions) viennent renforcer notre engagement vers ce mode de transport plus responsable.
C’est également très agréable de se déplacer à vélo à Montpellier, le soleil est souvent là. On s’épargne aussi l’énervement d’être bloqués dans les bouchons… Nous avons la chance de pouvoir faire appel aux services d’autres pros à vélo : les livreurs pour les ballons d’eau chaude, par exemple, des réparateurs, d’autres artisans avec des corps de métier complémentaires. Une vraie dynamique se développe !
Frédérique Sinturel : Pour un investissement (vélo, vêtement, sacoches, remorques, etc.) équivalent à une petite voiture, j’économise environ 700 € par mois si je prends tout en compte. (Assurance, essence, contrôle technique, carte grise, entretien, réparation, contraventions…)
L’impact est donc à première vue financier, mais pas seulement puisqu’il est aussi important en termes de santé physique et mental et d’efficacité dans mon travail. Au niveau de l’image de marque, cela commence même à être plutôt gratifiant !
Mathieu Goudet : Fournir un service rapide, de qualité et responsable, voici notre leitmotiv. Se déplacer à vélo nous permet d’intervenir dans une zone de chalandise intéressante : l’Écusson (centre historique), et les quartiers environnants. La zone est difficile d’accès pour les véhicules motorisés. Il reste une demande non satisfaite.
Il y a plusieurs impacts à prendre en compte dans le développement de l’entreprise. Géographique d’abord, nous avons un rayon d’intervention inférieur à un plombier traditionnel en camion diesel.
Sur le volet recrutement, cela implique d’avoir des candidats prêts à se déplacer à vélo cargo et passer une partie de la journée dessus. C’est un investissement à plusieurs milliers d’euros. Il faut équiper chaque collaborateur puis le former à l’utilisation du vélo cargo à assistance électrique. Cependant, nous avons moins de charges sur les déplacements (parking, essence, PV ou fourrière…). Le coût de l’obsolescence du vélo est moindre par rapport aux véhicules thermiques.
C’est un équilibre à trouver !
Propos recueillis par Camille Buy (BGE Sud-Ouest) et Emilie Grondin-Fleury (BGE AURA)