Les femmes entrepreneures sont de plus en plus nombreuses ; BGE – Réseau d’accompagnement à la création et au développement d’entreprises – le constate depuis plusieurs années au sein de son public. En 2022, parmi les personnes accompagnées par BGE, 55% étaient des femmes. Toutefois, derrière des chiffres en progression, se cache une réalité contrastée montrant qu’il y a encore du chemin à parcourir pour que ces projets entrepreneuriaux riment avec rentabilité et pérennité.
Pour l’année 2022 :
Alors que les femmes créent plus de micro-entreprises que les hommes, (67%) elles sont également moins nombreuses à les faire évoluer hors de ce statut. La cause : un chiffre d’affaires plus faible.
Chez les hommes, 50% créent une micro-entreprise et 20% une SA ou SAS, alors que chez les femmes on trouve 67% de micro-entreprises et 11% de SA ou SAS.
Cet écart se maintient avec le temps car après la première année d’exercice les hommes ne sont plus que 8% en entreprise individuelle contre 22% chez les femmes.
Si l’entrepreneuriat peut être un marchepied social, il ne peut gommer à lui seul certaines réalités. Quand on demande aux entrepreneur·e·s leur dernière activité exercée avant leur accompagnement par BGE, on constate la sur-représentation des hommes en tant que chefs d’entreprise de plus de 10 salariés (86% chez les hommes contre 14% chez les femmes), et celles des femmes en tant que parent au foyer (93% vs. 7%).
Si le volume est là, la réalité de ces entreprises pose plusieurs questions, notamment celle du secteur d’activité et de la viabilité économique.
Parmi les personnes accompagnées par BGE, une part croissante de femmes est en quête de sens et fait le choix de la reconversion, motivée par le souhait de créer une activité en phase avec ses valeurs et son équilibre vie professionnelle / vie personnelle.
Cela s’accompagne trop fréquemment d’immatriculations dans des secteurs souvent peu rémunérateurs ou saturés, comme ceux du soin à la personne et du bien-être ou du coaching. Cela met bien en évidence qu’il est aussi primordial de s’assurer que les fondamentaux de la rentabilité économique sont là (offre qui corresponde à la réalité du marché).
Les personnes ayant déclaré avoir un chiffre d’affaires inférieur à 25 000 euros la première année sont majoritairement des femmes : 70% des femmes contre 52% des hommes. On constate que l’écart de chiffre d’affaires selon le genre reste important même au-delà de la première année d’exercice : 50% des hommes contre 57% des femmes déclarent un chiffre d’affaires inférieur à 25 000 euros.
Pour autant, les femmes accompagnées chez BGE sont autant représentées que les hommes dans des secteurs majeurs tels que le commerce, l’hôtellerie-restauration ou les activités récréatives.
Si l’on peut se réjouir que le combat de la démocratisation soit en passe d’être gagné et que les femmes soient devenues des entrepreneur·es comme les autres, il faut toutefois rappeler que la viabilité économique est la condition de réussite d’une entreprise et donc d’un épanouissement à plus long terme, quelles que soient les motivations à entreprendre ou plus encore le genre.
Du potentiel et des compétences entrepreneuriales, Nathalie Sablier de O-Leaks, Virginie Saillard des Escargots du Moulin, Sabrina Chappe d’Avenir rénovations 82 et Céline Sévrain de Selles by Cel, n’en manquent pas. Toutes cassent les codes au quotidien en s’imposant dans des secteurs réputés masculins. En soutenant ces femmes, BGE démontre que l’entrepreneuriat peut aussi être le laboratoire des changements sociaux.