Adaptable

Une façon plus vertueuse de changer de bureau

Aurélien et Béatrice se sont rencontrés dans le cadre d’un projet de design d’espace dans l’agence Everest qu’Aurélien dirigeait. Il avait fait appel Béatrice à une époque où la notion de durabilité et d’impact positif était déjà présente, avec l’objectif d’inscrire le projet dans une démarche RSE affirmée. Elle s’est confrontée à la problématique de trouver du mobilier ergonomique en upcycling*, notamment en bois. Avec 30 ans d’expérience dans le domaine de l’aménagement des espaces tertiaires, elle a vu passer des millions de tonnes de déchets de bureaux. Béatrice avait conscience qu’il était possible d’avoir un impact plus positif en amenant ses clients à se tourner vers le réemploi et l’upcycling. Ne trouvant pas localement, ils ont dû se tourner vers Paris pour leurs besoins. Cela a mis en évidence une lacune : une grande quantité de déchets de bureaux de bonne facture et de bonne qualité n’est pas réemployée. Ils ont vu une opportunité de transformer ces déchets en ressources pour  un nouveau business : sauvant ces matériaux in extremis. L’idée derrière AdapTable était née.

*L’upcycling ou surcyclage consiste à récupérer des matériaux ou des produits dont on n’a plus l’usage afin de les transformer en matériaux ou produits de qualité ou d’utilité supérieure. Il s’agit donc d’un recyclage « par le haut ». (source wikipedia)

Une raison d'être coconstruite pour un engagement fort

Ils nous racontent : « On s’est rassemblés autour de l’envie de créer une entreprise en limitant l’impact carbone et l’impact sur l’environnement. On veut promouvoir un aménagement des espaces de travail dans une démarche d’achat responsable et créer des solutions adaptables et flexibles, en réfléchissant de manière itérative pour s’adapter aux demandes et aux situations. L’objectif est de ralentir la destruction du mobilier qui peut subir des transformations successives, le rendant intéressant et utile sur plusieurs cycles. Nous proposons des « bureaux re-neufs » robustes avec seulement quelques éléments modifiés.

Nous collaborons étroitement avec un ESAT pour la menuiserie, créant un partenariat essentiel. La directrice de l’ESAT contribue à la communauté de gouvernance. Nous avons fait le choix fort de travailler sur la raison d’être en co-construction avec toutes les parties prenantes de notre écosystème, notamment en plus de l’ESAT, les revendeurs et transporteurs. Cette collaboration est facilitée par des échanges fréquents avec le responsable marketing et les équipes de l’ESAT. Valdelia, un éco-organisme, joue un rôle en ciblant pour nous des gisements et des zones de déchets qui peuvent être exploités.

Se poser les bonnes questions

En parallèle, BGE a également été un acteur clé. Nous sommes hébergés dans un centre d’affaire animé par BGE Bretagne. Nous avons bénéficié d’un accompagnement et de conseils. Comme nous n’étions pas, ni l’un ni l’autre, des entrepreneurs débutants, nous avions une idée claire sur les étapes de la création d’une entreprise et sur comment structurer de notre  projet. En revanche, nous sommes conscients que même des entrepreneurs confirmés comme nous peuvent tirer parti d’un regard extérieur pour prendre du recul et nous aider à nous remettre en question. Par exemple, on a beaucoup réfléchi concernant le statut juridique, hésitant entre une SAS et une entreprise à mission. Nous avons finalement décidé de nous tourner vers un agrément ESUS, qui semble plus adapté à notre démarche ESS et à nos parties prenantes.

Choisir les bonnes cibles

Concernant notre positionnement, nous souhaitons répondre à la fois aux collectivités et aux services de l’État en matière d’achats durables, ainsi qu’aux entreprises privées, en leur permettant de répondre à leurs contraintes RSE. Nous proposons des bureaux qui ne sont pas plus chers que des bureaux neufs, qui sont ergonomiques et adaptés aux espaces partagés avec des contraintes de m².
Le principal défi reste de se faire identifier non pas comme de simples récupérateurs de déchets, mais comme des fabricants de mobilier. Nous gérons des lots importants, plus d’une centaine de bureaux, évitant les ajustements à petite échelle. Notre mobilier est upcyclé, pas seulement au niveau du plateau, comme peuvent le faire d’autres acteurs, mais également au niveau des piètements, qui sont plus complexes à recycler. Les pieds métalliques, qui ont un impact environnemental élevé, sont réemployés tels quels, avec des adaptations minimales comme l’ajout de barres transversales en bois pour remplir les fonctions structurelles. Notre objectif est de maintenir un design durable tout en minimisant les ajouts de neuf. Ce que nous réussissons avec un taux de 98 % d’upcycling. »

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