Talent BGE pour la région Pays de la Loire
Accompagnement personnalisé pour les enfants, les adolescents et les adultes ayant des difficultés et/ou troubles d'apprentissage (tdah, tsa, dys, fonctionnement atypique).
Jocelyne a connu un parcours professionnel non linéaire avec des difficultés qui se sont soldées par un burn-out. Elle a fini par comprendre la source de ses difficultés avec un diagnostic tardif « dys » et la reconnaissance d’une situation de handicap. Résolue à poursuivre une activité professionnelle adaptée à son fonctionnement atypique, Jocelyne a décidé de faire un bilan de compétences et de se reconvertir en valorisant ses savoir-faire. Elle nous raconte : « Mon fonctionnement est différent de celui des personnes dans la norme, ce qui a créé des difficultés dans mes interactions sociales professionnelles et personnelles. Tout cela était lié à ce trouble neurologique et à mon hypersensibilité aux différentes modalités sensorielles (odeurs, bruits, luminosité, contacts physiques…). Ces sensibilités accrues peuvent perturber mes réactions, ma façon d’agir, d’interagir. Aujourd’hui, j’ai appris à me connaître et à utiliser des outils pour appréhender cette gestion émotionnelle « dysfférente ». Je traite l’information de manière réfléchie et intuitive. L’analyse de l’information est permanente. Par exemple, je visualise une tâche ou un projet avec ma réflexion, mes intuitions, avant de la structurer. J’étais déterminée à mettre mes connaissances et mes compétences au service de l’humain en lien avec mon appétence pour les apprentissages. Mon état d’esprit se résume par cette citation : « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. » C’est pour cela que j’ai décidé de devenir orthopédagogue spécialisée dans les profils neuroatypiques, un métier dont j’ai longtemps ignoré l’existence.
Compte-tenu de mon profil, des réticences avaient été émises lorsque j’ai évoqué mon projet de reconversion. C’est ma conseillère Cap Emploi qui m’a invitée à découvrir l’entreprenariat lors d’une réunion d’informations à la CCI. J’ai été orientée vers BGE Anjou-Maine pour vérifier la faisabilité d’une micro-entreprise ou entreprise individuelle afin d’exercer en tant que profession libérale. J’ai choisi une formation individuelle plutôt que collective. Celle-ci s’adaptait mieux à mon rythme et mes besoins en lien avec mon fonctionnement neuroatypique. Pendant la construction de mon projet, j’ai exercé une petite activité professionnelle salariée d’animatrice pédagogique (novembre à juin 2022) mais cette activité ne me permettait pas la liberté souhaitée. J’ai ensuite été accompagnée par BGE au démarrage de mon entreprise en mobilisant mon CPF. Cet été, j’ai fait un point avec ma conseillère-formatrice concernant l’évolution de mon projet et quelques rendez-vous d’accompagnement ont été mis en place.
Lors de ma première formation, je cherchais à remettre à jour mes connaissances juridiques et me soulager dans les démarches administratives, les déclarations et organismes à contacter pour la création. J’ai préparé un prévisionnel, plutôt difficile à chiffrer compte-tenu de la méconnaissance de mon métier et de mon implantation dans un territoire rural. Au-delà de tout cela, le projet a été financé en grande partie par une aide à la création d’entreprise de l’Agefiph. Le fait d’être guidée m’a permis d’alléger ma charge mentale.
Je me suis lancée dans l’entrepreneuriat un peu comme dans une aventure où je n’avais rien à perdre. Le métier d’orthopédagogue est encore très peu connu en France et sa découverte a été pour moi une véritable révélation. Cela a donné du sens à une activité dans laquelle je mets à profit mes compétences d’autodidacte et mes connaissances. Je me suis formée sur les fonctions exécutives du cerveau avec une pédagogie par le jeu, les bases des mathématiques (formations canadiennes) et sur les troubles neurovisuels (formation avec une neuropsychologue et chercheuse à l’institut Rothschild de Paris). Je suis passionnée par les neurosciences et la neuropsychologie, des domaines sur lesquels je m’informe régulièrement car ils donnent un éclairage précieux sur les modes de fonctionnement atypiques.
J’effectue un gros travail d’acculturation pour faire connaître mon métier et ce qu’il peut apporter aux personnes touchées par les troubles d’apprentissage. Pour cela, j’ai co-animé de nombreux événements dont voici quelques exemples :
J’ai des accompagnements d’enfants réguliers. Je donne aux parents les outils pour mieux comprendre et aider leurs enfants. J’accompagne des enfants et des adolescents depuis plusieurs années. Par exemple, il y a 4 ans, j’ai rencontré un enfant en CM2 dont l’enseignant avait annoncé un redoublement. Il poursuit sa scolarité avec des aménagements et a retrouvé confiance et estime de lui-même. A ce jour, il est en 4e sans avoir redoublé. Un autre apprenant a obtenu une mention « bien » au diplôme national du brevet après 2 ans d’accompagnement. Accompagnée d’une autre professionnelle, j’ai réalisé une intervention auprès d’enseignants en milieu scolaire REP qui ont exprimé leur gratitude pour les outils concrets que nous leur avions fournis, notamment pour compenser certaines déficiences cognitives des élèves. Le travail de terrain, c’est primordial, tout comme donner des outils pédagogiques pragmatiques pour que l’enseignement puisse être efficace quel que soit le profil de l’apprenant.
J’aide à vulgariser des concepts complexes par des exemples concrets et j’adapte les exercices pour obtenir des résultats visibles. Les parents constatent l’évolution des apprentissages de leurs enfants en fonction de leurs compétences.
Ma rémunération est variable. C’est un choix. Je travaille à mon rythme et privilégie la qualité des accompagnements plutôt que le quantitatif. L’orientation actuelle de mon activité vers de la sensibilisation (conférence, ateliers « Vis ma vie de dys »), de la formation auprès d’enseignants, d’accompagnants, de parents, de toute personne qui souhaite comprendre et s’informer sur ces fonctionnements neuroatypiques, l’hypersensibilité, la mémoire, l’attention… me demande de prendre du temps pour créer les contenus et faire connaître cette nouvelle activité. Ce sera une rémunération dans un temps futur…
Alors que j’y ai longtemps été réfractaire, aujourd’hui je mesure l’importance des réseaux sociaux. BGE m’a conseillée d’être présente. J’ai choisi LinkedIn car c’est un réseau professionnel qui ne demandait pas d’exposer sa vie privée. C’était un bon conseil : LinkedIn m’a permis de rencontrer des professionnels en France et à l’étranger et j’ai depuis un réseau de professionnels précieux.
Quand on est entrepreneur, on prospecte, on sème des graines à tout vent. Impossible de prévoir lesquelles vont germer. Et parfois, tout semble vouloir se concrétiser en même temps ! J’ai dû apprendre à dire non ou repousser certains projets, même si mon désir profond était de les accepter. Il est important d’apprendre à prioriser, pas si simple avec un fonctionnement dys… »