L’envie d’entreprendre est forte et répandue dans tous les milieux en France. Ce constat, au premier abord positif, cache des réalités complexes et des difficultés qu’il faut pouvoir identifier pour aider au mieux les entrepreneur·e·s. Sur le million d’immatriculations annuelles, trop d’entreprises restent encore unipersonnelles, avec pour certaines des chiffres d’affaires très faibles. Avec cette étude, BGE et Crédit Mutuel Alliance Fédérale ont cherché à présenter et illustrer la réalité entrepreneuriale et ses mutations et à définir des familles d’entrepreneur·e·s, afin de sortir d’une vision stéréotypée de l’entrepreneuriat et de présenter une vision plus complexe, intégrant aux données socio-économiques des registres de variables autour des motivations, capacités et trajectoires.
L’étude « Qui sont les entrepreneur·e·s d’aujourd’hui ? Comprendre pour mieux accompagner » a été réalisée par L’ObSoCo (L’Observatoire Société & Consommation) sur un échantillon de près de 6 000 personnes s’étant ou non immatriculées après leur accompagnement chez BGE.
Parmi les personnes qui suivent un accompagnement chez BGE, une grande majorité sont des demandeurs d’emploi ou des personnes non-actives (78 %), dont près de la moitié est au chômage depuis plus d’un an (44 %). Les catégories socio-professionnelles supérieures sont également surreprésentées, à hauteur de 30 % contre 21 % dans l’ensemble de la population.
BGE a, depuis sa création, vocation à accueillir tout type de public, du plus précaire au plus aisé, avec un investissement particulier envers les personnes en recherche d’emploi. Ces dernières années, les chiffres témoignent d’un public plus diplômé, plus féminin, mais aussi plus précaire.
Si 6 personnes sur 10 choisissent de façon ferme de créer ou de ne pas créer, 4 sur 10 restent dans un entre-deux après avoir mené une réflexion sur le projet.
Au moment de l’immatriculation, et c’est là l’un des principaux enseignements de l’étude, la propension à concrétiser le projet varie selon le sociotype.
On constate ainsi que le niveau de diplôme, le niveau de vie et le genre influent sur le taux d’immatriculation : 41 % des bac +4 et plus s’immatriculent, contre 28 % des CAP ; les porteur·euse·s de projets relativement aisés s’immatriculent plus que les ménages modestes (46 % contre 27 %) ; les femmes s’immatriculent plus que les hommes (33 % contre 25 %).
Un autre critère qui entre en compte dans la propension à concrétiser le projet est la motivation qui se cache derrière. On constate en effet que les entrepreneur·e·s motivés par l’envie d’indépendance sont plus nombreux, mais surtout qu’ils passent plus à l’acte que les autres. L’enjeu est donc d’accompagner cette envie d’indépendance, qui est un moteur très fort à l’action, vers des modèles économiques viables.
Si certains critères sont déterminants pour passer à l’acte, ces facteurs « s’effacent » si l’on s’intéresse à la perception du chiffre d’affaires, qui n’est quant à elle pas impactée par la situation professionnelle initiale, la catégorie socio-professionnelle ou encore le niveau de revenus.
44 % des répondants estiment en effet que le chiffre d’affaires est à la hauteur ou supérieur à leurs attentes au moment de la création de leur entreprise. Cette proportion reste stable chez les actifs occupés et les inactifs et demandeurs d’emploi (48 % contre 41 %), chez les CSP+ et les CSP- (45 % contre 43 %) ainsi que chez les personnes avec les niveaux de revenus les plus faibles comme les plus élevés (40 % contre 42 %).
La perception du chiffre d’affaires est en revanche impactée par le secteur d’activité de l’entreprise ainsi que par l’expérience de l’entrepreneur·e dans ce secteur d’activité. Ainsi, une expérience de plus de 2 ans dans le secteur facilite le succès perçu du projet : 33 % seulement des personnes ayant une expérience de moins de 2 ans dans le secteur déclarent avoir atteint un chiffre d’affaires à la hauteur ou supérieur à leurs attentes, contre 50 % pour ceux ayant de 3 à 20 ans d’expérience.
Au sein des secteurs d’activité, ce sont les entrepreneur·e·s travaillant dans les transports et la logistique qui considèrent le plus leur chiffre d’affaires comme supérieur ou à la hauteur de leurs attentes initiales (67 %) et les entrepreneur·e·s travaillant en hébergement et restauration qui considèrent le moins que le chiffres d’affaires répond à leurs attentes initiales (30 %).
Les données de l’étude pointent que près de 6 personnes sur 10 ne sont pas satisfaites de leur chiffre d’affaires au démarrage. Le temps de « mise en route » d’une activité étant souvent plus long que ne l’a anticipé l’entrepreneur·e, il est important d’être à ses côtés dans la phase de démarrage, pour l’accompagner dans sa montée en compétences, dans sa capacité à analyser sa situation et à agir.
42 % des créateur·rice·s ont vu leur chiffre d’affaires croître de manière régulière depuis la création de leur entreprise et plus de 60 % d’entre eux anticipent une progression à la hausse.
Parmi les entreprises ayant suivi un accompagnement chez BGE, 25 % sont employeuses à cinq ans, 10 % d’entre elles sont développeuses d’emploi, c’est-à-dire qu’elles emploient plus d’un salarié. 12 % des chef·fe·s d’entreprise déclarent par ailleurs avoir l’intention d’embaucher dans les 12 prochains mois.
Avec le recul, diriez-vous que créer votre entreprise / faire perdurer votre activité a été…?
S’il existe de nombreux dispositifs pour accompagner l’entrepreneur·e dans la création de son entreprise, ils sont beaucoup moins nombreux pour l’appuyer dans son développement, ce qui se traduit par une plus grande difficulté à faire perdurer l’entreprise qu’à la créer.
Les deux difficultés majeures que rencontrent les chefs d’entreprise pour faire perdurer leur activité sont d’attirer et de fidéliser des clients (37 %) et de faire face à la conjoncture défavorable (28 %). Malgré ces difficultés, l’entrepreneuriat est tout de même en grande majorité perçu comme une bonne expérience (96 %), que les entrepreneur·e·s seraient prêts à réitérer (93 %), et ce quel que soit le niveau de chiffre d’affaires.
Tout bien considéré, diriez-vous que l’expérience de la création d’entreprise a été une bonne expérience ?
La maîtrise de compétences est vitale pour un chef d’entreprise qui doit prendre des décisions sur des sujets commerciaux, de gestion, de financement, etc. C’est pourquoi BGE développe des offres de services et de formation adaptées à tous les dirigeants et accompagne chaque année 34 000 chefs d’entreprise dans leur développement.
Plus de la moitié des entrepreneur·e·s considèrent que BGE a joué un rôle déterminant dans la création de leur entreprise. L’aspect déterminant de l’accompagnement augmente avec l’utilisation des outils proposés par BGE au sein des parcours d’accompagnement : 67 % des entrepreneur·e·s ayant utilisé BGE Pro, un simulateur de création d’entreprise qui permet de réaliser un business plan, et 59 % des entrepreneur·e·s ayant utilisé la plateforme de service en ligne Mon Bureau Virtuel considèrent que BGE a été déterminant. Cette proportion n’évolue pas selon le niveau de chiffre d’affaires réalisé.
Parce que les données socio-économiques ne sont pas suffisantes pour raconter la trajectoire des entrepreneur·e·s, cette étude avait pour objectif d’aller au-delà, en s’intéressant aux profils psychologiques des personnes, à leurs motivations et à leur perception de leurs chances de réussir. Les résultats nous permettent d’étudier des trajectoires et de raconter une histoire, celle de 7 familles d’entrepreneur·e·s.